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ca continue
21/10/2010 09:14
La journée d'hier a été longue, pour les grévistes, pour les automobilistes et pour les CRS.
4 h. Devant le dépôt pétrolier, rue de la Foucaudière, zone industrielle du Mans. Une soixantaine de manifestants occupe les lieux, autour de palettes en feu. Ils sont prévenus que les CRS vont venir les déloger. Les barnums sont prêts à être pliés, les tables sont rangées, il n'y a plus ni sandwiches ni boissons, ni même d'essence dans le groupe électrogène. L'ambiance est détendue, on discute toujours de la réforme des retraites. 4 h 30. Une vingtaine de camionnettes de CRS arrive. Deux compagnies d'hommes casqués (plus d'une centaine de policiers) forment un cordon de part et d'autre du dépôt pétrolier. Des étudiants clament quelques derniers slogans. La police donne une demi-heure aux manifestants pour tout déblayer. Les pompiers éteignent les feux de palettes et de pneus. 5 h. Sans commentaire, les grévistes regagnent leurs voitures. Déçus bien sûr de quitter cette aventure, une première pour certains. Une femme est présente au dépôt depuis vendredi matin. Des militants de FO s'étreignent, les yeux embués : « On l'a fait ! »
Avec un ban spécial pour le leader des Transports, Mickaël Couronne.
10 h. Une assemblée intersyndicale se tient chez Renault, pour définir les prochaines actions. Pendant ce temps, les CGT Transports, Socamaine et la CFDT qui occupent depuis mardi la plateforme d'approvisionnement des magasins Leclerc, à Champagné, sont eux aussi délogés par des gardes mobiles. Les camions bloqués à l'entrée des trois sites peuvent accéder aux entrepôts. Là encore, tout s'est déroulé dans le calme.
13 h 30. Université du Maine. L'assemblée générale des étudiants a dû se tenir dans un gymnase, « tellement il y avait de monde », selon des militants de l'Unef. Un millier d'étudiants, selon l'estimation des leaders, s'est mis d'accord pour bloquer l'université. Ils décident de soutenir le mouvement interprofessionnel prévu au rond-point du boulevard Demorieux. Quelques dizaines prennent le tram. Jeudi, ils iront manifester avec les lycéens. 14 h. Barrage filtrant aux différentes entrées du rond-point Demorieux sous la rocade Sud. Les camions et les bus sont bloqués, les voitures passent. Le ton monte parfois, des chauffeurs routiers voudraient franchir le barrage. Sur la rocade, juste au-dessus du rond-point, les camions sont à l'arrêt. Les manifestants, là encore, appartiennent à diverses catégories socio-professionnelles : des enseignants, des professionnels de santé, des agents territoriaux... Syndiqués ou pas. Un automobiliste anglais se fait casser son rétroviseur. « Ça va pas ça, dit un gréviste, c'est exactement ce que le gouvernement attend : qu'on se bagarre ! » 16 h. Les blocages sont levés. L'intersyndicale s'en tient aux deux heures prévues, « il ne faut pas se mettre la population à dos », confirme un syndicaliste. Chacun regagne ses pénates, les cernes plus visibles en plein soleil que dans la lumière du feu de palettes. Coups de klaxon des chauffeurs pour saluer l'action des manifestants. D'autres actions ont été décidées pour ce jeudi : rassemblements sur les ronds-points de NTN tôt le matin ; route de Tours avant Carrefour, en fin de matinée ; près du magasin Leclerc des Fontenelles en début d'après-midi et en fin de journée, près d'Auchan. La CGT appelle également à des débrayages d'une heure dans les entreprises. 18 h. Depuis son déblocage, le dépôt pétrolier accueille un ballet incessant de camions-citernes. Des camions prêts à livrer les stations-service ou des citernes prêtes à approvisionner des cuves de fuel domestique. Les stations-essence sont saturées de voitures, leurs cuves se vident à vue d'oeil. Devant le dépôt, quelques fourgonnettes de CRS veillent toujours sur le dépôt. Jusqu'à quand ? Florence LAMBERT. Ouest-France
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